Date de naissance :
14 octobre 1890
Lieu de naissance :
Cadouin
Date de décès :
22 mars 1924
Lieu de décès :
Paris
Louis Delluc fit ses études à Bordeaux, puis au lycée Charlemagne à Paris. Après une préparation à l'entrée à l'Ecole Normale supérieure, il devint journaliste et rédigea des chroniques sur le théâtre, le cirque, et le music hall (Le Courrier Paris-Province, La Revue française). Il devint rédacteur en chef du Film en 1917 et collabora à Paris-Midi en 1918, avant de se consacrer au Journal du Cinéclub et à Cinéa, accompagnés de la création de cinéclubs.
Louis Delluc est l'un des premiers, voire le premier critique français de cinéma d'envergure. Inventeur de l'usage contemporain des vocables « cinéaste » et « cinéphile », il a donné à l'exercice critique des vertus d'indépendance, de virulence, de style et une audience jusque-là inédites. D'abord romancier et chroniqueur théâtral, la révélation cinématographique advint lors de la vision de Forfaiture de Cecil B. deMille. Dès lors, il sera un ardent promoteur du cinéma dans ses ouvrages et au sein des revues Cinéa et Le Journal du cinéclub associées à des cinéclubs militants. Dans le contexte de l'époque qui demandait une défense du septième art, souvent dévalorisé, il rechercha une juste définition de ce qui en fait la spécificité. Contrairement à un Canudo qui cherche à intégrer le cinéma au système des autres arts, Louis Delluc a d'emblée une position éminemment originale et moderne : le cinéma n'est ni un art comme les autres, ni un art à part entière. « « Quand, de toutes nos forces, nous crions la nécessité de respecter le cinéma à l'égard de n'importe quel art, c'est en réponse à tous les marchands de marrons acharnés sur ce filon inconnu, qui tremblaient et tremblent encore plus que jamais d'y voir surgir des gens de valeurs. De même, si, malheur inverse, le blanc et noir avait d'abord été la proie des esthètes, nous crierions : - Mais c'est aussi une industrie, mais c'est aussi un commerce ! » Cette approche hybride du cinéma se double d'une critique de l'asservissement du cinéma français, accompagnée de propositions pour une révolution possible de son fonctionnement. Dans Cinéma et Cie, il met ainsi en doute, de manière provocante, la capacité de la France à avoir un véritable art cinématographique... Dans cette optique critique, il se penche sur le marché cinématographique français en critiquant les trois grands « studios » de l'époque et propose une politique nationale cinématographique forte (union européenne bancaire pour contrer la toute puissance américaine, création d'un secteur indépendant de la production française) pour contrer ces tares. Sa méfiance envers les puissances financières stérilisantes explique son rejet du ciné-feuilleton à la Feuillade, associé à Gaumont, et sa promotion de l'avant-garde impressionniste. On se souvient de la fameuse manchette de Cinéa : « Que le cinéma français soit français ; que le cinéma français soit du cinéma », déclaration d'indépendance et d'exigence tout à la fois. Son souci du cinéma français ne l'empêche pas de s'intéresser aux autres cinématographies : adoration du cinéma américain, le plus moderne selon lui et ayant valeur de modèle (Ince, Griffith, Sennett et Chaplin à qui il consacrera un ouvrage), le cinéma allemand (Lang et Murnau), italien et suédois. Dans ses ouvrages, il s'attache aux notions de « photogénie », qui n'est seulement une capacité à prendre la lumière, mais surtout un art de voir et de savoir « asservir les ressources de la photo (...) à la fièvre, la sagacité, au rythme du cinéma [...] Le goût du metteur en scène est la seule loi dans l'emploi des matières, si intéressantes soient-elles. Une console photogénique entre les mains d'un imbécile ne vaut pas mieux qu'un tas de cailloux », aux notions de cadence, de décor, de costume. Il défend le scénario original contre les producteurs apeurés qui préfèrent s'en tenir aux adaptations littéraires. La question du jeu de l'acteur, lui qui était marié à l'actrice Eve Francis, lui fera déployer toute sa vision moderne du cinéma en lui faisant préférer à « l'esprit de mots » de la comédie française « l'esprit intérieur » de la comédie américaine, dégagé de la mauvaise emprise théâtrale hexagonale du début du siècle.
Cinéaste, scénariste, romancier, auteur dramatique, essayiste.
Depuis 1937, le prix Louis-Delluc récompense le meilleur film français de l'année.
Depuis 2000, il existe un Prix Louis-Delluc du meilleur premier film français de l'année.
Ouvrages :
Cinéma et Cie, Confidences d'un spectateur, Paris, Grasset, 1919, 324p. cote : HL 239
Photogénie, Paris, Ed. de Brunoff, 1920, 127 p. cote : HL 304
Charlie Chaplin, Paris, Ed. de Brunoff, 1921, 104 p. cote : RES 651
La Jungle du cinéma, Paris, La Sirène, 1921, 230 p. cote : 51 DELLU DEL
Les Cinéastes, Paris, Le Monde nouveau, 1922. cote : RES 487
Cf. Ecrits cinématographiques, tomes I, II/1, II/2, III, Paris, Cinémathèque Française/Cahiers du cinéma, 1985-1990. cotes : 20 DEL e, 43 DEL e, 43 DEL e, 40 DEL e
Articles de périodique (sélection) :
« Masques muets. Visages du cinéma des années vingt », Avant-scène Cinéma, n°248, mai 1980, pp. 27-30.
Ouvrages sur Louis Delluc (sélection) :
Eve Francis, Temps héroïques, Paris, Denoël, 1949, 428 p. cote : 51 FRANCi FRA
Marcel Tariol, Louis Delluc, Paris, Ed. Seghers, coll. « Cinéma d'aujourd'hui », 1965, 190 p. cote : 51 DELLU TAR
Gilles Delluc, Louis Delluc, 1890-1924 : l'éveilleur du cinéma français au temps de années folles, Périgueux, Pilote 24, 2002, 482 p. cote : 51 DELLU DEL
Articles sur Louis Delluc (sélection) :
Antoine de Baecque, « Delluc invente le terme de ‘cinéaste' » : 27 mai 1921 », Cahiers du cinéma, hors-série, janvier 1995.
Barthélémy Amengual, « Les écrits de Louis Delluc », Positif, n°383, janv. 1993, pp. 99-100.
Jean-Pierre Jeancolas, « Louis Delluc, ou le muet au quotidien », Positif, n°319, sept. 1987, pp. 38-39.
Laurence Giavarini, « Puissance des fantômes », Cahiers du cinéma, n°460, oct. 1992, pp. 72-75.
Eugene C. McCreary, « Louis Delluc et le cinéma américain », Cahiers de la Cinémathèque, n°35-36, automne 1982, pp. 17à-180.
Autres activités :
Romans (sélection) :
Le Dernier sourire de Tête-Brûlée, Paris, Ed. du monde moderne, 1928, 173 p.
L'Enfance d'une reine, Paris, Bourrelier, 1958, 160 p.
Le Destin de Paquito, Paris, Magnard, 1960, 189 p.
La guerre est morte, Pantin, Le Castor Astral,1991, 158 p. cote : 51 DELLU DEL