Date de naissance :
15 juillet 1904
Lieu de naissance :
Berlin
Date de Décès :
9 juin 2007
Lieu de naissance :
Ann Arbor (Etats-Unis)
Diplômé en psychologie expérimentale à l’université de Berlin (1928), Rudolf Arnheim commence à écrire sur le cinéma en 1925 dans un journal satirique, Das Stachelschwein, puis rejoint l’hebdomadaire intellectuel Die Weltbühne en tant que critique de films (1928-1933). Fuyant la montée du nazisme en Allemagne, Arnheim émigre un premier temps à Rome – où il écrit dans la toute nouvelle Enciclopedia del cinema (1933-1938) –, puis à Londres, avant de rejoindre les États-Unis en 1940 et de devenir citoyen américain (1946). Après avoir enseigné au Sarah Lawrence College et à la New School for Social Research de New York (1946-1968), il est professeur de psychologie de l’art à l’université de Harvard (1968-1974), puis à l’université du Michigan (1974-1984) – universités dont il est professeur émérite.
Théoricien de l’art, Rudolf Arnheim a développé une conception du cinéma en tant qu’art, davantage axée sur les qualités propres du médium que sur ce qui est représenté à l’écran. Fortement inspiré de la psychologie de la forme, la Gestalt-theorie, et de ses découvertes dans le domaine de la perception – le visible, tel que perçu par nos yeux, est déformé par le prisme de nos processus mentaux –, Arnheim, dans son unique ouvrage consacré au cinéma (Film als Kunst), part de l’idée qu’un sujet identique capté par un autre médium que le cinéma – photographie, peinture, littérature, etc. – aboutirait à une représentation différente – c’est la Material-Theorie. Dès lors, si le cinéma – à l’instar de la photographie – est considéré comme un instrument capable de reproduire fidèlement le réel, sa théorie ne peut plus fonctionner. Arnheim va donc porter son attention sur tout ce qui différencie les images cinématographiques d’une stricte reproduction du réel, qu’il s’agisse, par exemple, des distorsions optiques, des limites imposées par le cadre de l’écran, de la taille de l’image, de l’angle de prise de vue, de l’absence de son, de couleur ou encore de continuité spatio-temporelle. Ces « facteurs de différenciation » représentent, de ce fait, les limites propres au cinéma, mais aussi ses « moyens formateurs » spécifiques. Ainsi le cinéma, par sa capacité à transformer le réel brut, est-il un art. Dans cette perspective, toute innovation technique – le son, et bientôt la couleur – permettant de rapprocher l’image cinématographique d’une représentation analogique du réel va à l’encontre de cet art : « La tentation d’élargir la surface de l’écran s’accompagne du désir de films en couleurs, en relief et sonores. C’est là ce que désirent ceux qui ignorent combien l’effet artistique est lié aux limites du médium. [...] Ils s’obstinent à vouloir s’approcher toujours plus près de la nature sans comprendre que, ce faisant, ils rendent toujours plus difficile au cinéma sa tâche d’être un art. » Par la suite, Arnheim, pris au piège de sa propre théorie qui n’est plus compatible avec ce que le cinéma est alors devenu, se consacre à la psychologie de l’art. Toutefois, il supervise la traduction américaine de son ouvrage (Film as art) et atténue, par rapport à la version allemande, certaines prises de position – c’est cette version révisée qui est ensuite traduite en français (Le cinéma est un art). À noter que Kritiken und Aufsätze zum Film, traduit en anglais sous le titre Film Essays and Criticism, rassemble un grand nombre de textes écrits pour la plupart entre 1925 et 1940 ; Arnheim y soulève quelques questions théoriques et techniques (comme le son au cinéma ou la relation fond/forme), mais la plupart de ces articles sont des critiques de films (allemands, américains, français et soviétiques) et des portraits de personnalités du cinéma (Greta Garbo, Charlie Chaplin, Erich von Stroheim...).
Psychologue de l’art, psychologue.
Ouvrages étrangers :
Film als Kunst, Berlin, E. Rowolht, 1932, 344 p. cote : HL 263
Film, trad. de l’allemand par L. M. Sieveking et Ian F. D. Morrow, London, Faber & Faber, 1933, 300 p. cote : RES 217
Film as Art, Berkeley, university of California Press, 1957, 230 p.
Kritiken und Aufsätze zum Film, textes rassemblés par Helmut H. Diederichs, München, C. Hanser, 1977, 364 p. cote : 43 ARN k
Film Essays and Criticism, trad. de l’allemand par Brenda Benthein, Madison, University of Wisconsin Press, coll. « Wisconsin Studies in Film », 1997, 253 p. cote : 43 ARN f
Ouvrage français :
Le cinéma est un art, trad. par Françoise Pinel, Paris, Éditions de l’Arche, 1989, 237 p. cote : 22 ARN c
Contribution (ouvrage étranger) :
Film... Stadt... Kino... Berlin, sous la direction d’Uta Berg-Ganschow et Wolfgang Jacobsen, Berlin, Aragon, 1987, 207 p. cote : 11.01 DEU BER
Contribution (ouvrage français) :
Le Rôle intellectuel du cinéma, Paris, Institut international de coopération intellectuelle, coll. « Cahiers de la Société des Nations », 1937, 289 p. cote : HL 347
Articles étrangers :
« Free Cinema », Film Culture, n° 17, février 1958, p. 11.
« Come un tifoso d’oggi amai il cinema in Italia », Cinema Nuovo, n° 3, mai-juin 1986, pp. 35-36.
« Le due autenticità del medium fotografico », Cinema Nuovo, Vol. XLII, n° 344-345, juillet-octobre 1993, pp. 27-30.
Autres ouvrages (étrangers) :
Art and Visual Perception : a Psychology of the Creative Eye , Berkeley, University of California Press, 1954, 408 p.
Picasso’s Guernica : the Genesis of a Painting , Berkeley, University of California Press, 1962, 139 p.
Toward a Psychology of Art , Berkeley, University of California Press, 1966, 369 p.
Visual Thinking , Berkeley, University of California Press, 1969, 345 p.
Entropy and Art : an Essay on Disorder and Order , Berkeley, University of California Press, 1971, 64 p.
The Dynamics of Architectural Form : Based on the 1975 Mary Duke Biddle Lectures at the Cooper Union , Berkeley, University of California Press, 1977, 289 p. - The Power of the Center : a Study of Composition in the Visual Arts , Berkeley, University of California Press, 1982, 227 p.
New Essays on the Psychology of Art , Berkeley, University of California Press, 1986, 331 p.
Parables of Sun Light : Observations on Psychology, the Arts and the Rest , Berkeley, University of California Press, 1989, 369 p.
Autres ouvrages (français) :
Vers une psychologie de l’art, trad. de l’anglais par Nina Godneff, Paris, Seghers, 1973, 397 p.
La Pensée visuelle, trad. de l’anglais par Claude Noël et M. Le Cannu, Paris, Flammarion, coll. « Nouvelle Bibliothèque scientifique », 1976, 354 p.
Dynamique de la forme architecturale, trad. de l’anglais par Michèle Schoffeniels-Jeunehomme et Geneviève Van Cauwenberge, Bruxelles/Liège, P. Mardaga, 1977, 284 p.
Ouvrages sur Rudolf Arnheim :
Pensiero e visione in Rudolf Arnheim, sous la direction d’Augusto Garau, Milano, Angeli, 1989, 287 p.
Rudolf Arnheim : Revealing Vision, sous la direction de Kent Kleinman et Leslie Van Duzer, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1997, 147 p.
Articles sur Rudolf Arnheim :
Barthélémy Amengual, « Un martyr de l’esthétique. Rudolf Arnheim », Cinéma 72, n° 183, janvier 1974, pp. 51-60.
Peter Galassi, « Rudolf Arnheim : An Interview », Afterimage, n° 5, novembre 1974, pp. 2-5.
Barthélémy Amengual, « 1932-1938. Rudolf Arnheim : le film en tant qu’art », CinémAction, n° 60, juillet 1991, pp. 50-52.