Date de naissance :
1952
Lieu de naissance :
Belgique
Après des études de Lettres et de communication à l'Université de Liège, où il a mené ses premières recherches, Philippe Dubois est nommé professeur puis co-directeur du centre de recherches sur les Arts de la communication (1988). Il enseigne depuis 1988 à l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris III où il devient professeur et directeur de l'UFR Cinéma et audiovisuel. Il a été critique, spécialisé dans les domaines de la photographie et de la vidéo ainsi que rédacteur à la Revue Belge du Cinéma. Responsable éditorial de la revue Cinéma & Cie, il dirige la collection « Arts et cinéma » (De Boeck) et la collection « cinéthésis » (Forum).
Philippe Dubois est un théoricien spécialiste de l'imaginaire de l'image cinématographique dans le cinéma de fiction, l'art contemporain et le cinéma expérimental. Il étudie les nombreuses ramifications des relations entre le cinéma et les arts plastiques.
Toutes les manifestations d'« extanded cinema » l'intéressent, les formes d'images alternatives réalisées par de nouvelles techniques (ordinateur, téléphone, vidéo) et d'autres modes de diffusions (performance, holographie). Ce sont, par exemple, les effets du cinéma sur l'art contemporain dans l'œuvre de Jeff Guess qui a réalisé photographies, films et installations en réinventant des dispositifs cinématographiques premiers comme le sténopé et le panorama. Philippe Dubois essaie de comprendre comment le cinéma s'insémine dans l'art, construisant un imaginaire de l'image et ouvrant ainsi le concept de cinéma.
Spécialiste de photographie, Philippe Dubois consacre son premier ouvrage à ce sujet. Il s'éloigne alors déjà du débat sur l'essence mimétique de la photographie pour s'intéresser à ce qui précède le geste, l'appareillage, et ce qui le suit, le tirage. Sans négliger le nécessaire rapport référentiel de l'image à la réalité, Philippe Dubois met tout de même en avant la coupure spatio-temporelle entre la prise de vue et l'image : l'image a une réalité propre, dans laquelle le théoricien doit pleinement pénétrer. Cet intérêt le conduit à s'intéresser à l'œuvre de Chris Marker et en particulier La Jetée, ce film hybride entre la photographie et le cinéma, « quelque chose en somme qui serait comme le rêve d'un film qui se tiendrait tout entier dans une photographie » (Recherches sur Chris Marker, 2002).
Au cinéma comme en photographie, Philippe Dubois se concentre avant tout sur la matière de l'image et non sur ce qu'elle représente. Plus que le rapport entre le cinéma et les arts plastiques, il s'intéresse à la plasticité artistique, c'est-à-dire aux formes elles-mêmes. Les images de cinéma sont moins pour lui des représentations que des présences, de la narration que de la figuration. Le figural est une force de l'image qui n'est ni son iconographie ni son iconologie mais qui travaille dans le corps de l'image, « dans la chair vive de sa visualité » (Cinéma, art(s) plastique(s), 2004, p. 65).
Auteur d'un essai sur l'écriture figurale dans le cinéma muet des années 1920, Philippe Dubois développe sa théorie avec le cinéma de Jean Epstein, en particulier son film de 1947, Le Tempestataire. Il élabore à partir de cet exemple une théorie de la figure par l'iconographie de la tempête. Ce film est pour Philippe Dubois un questionnement de la représentation par la représentation. Il étudie en même temps le motif iconographique de la tempête, dont il remonte jusqu'aux racines picturales et envisage en même temps des données d'ordre purement visuel, le figural défini par le théoricien comme la force défigurante de la figure. C'est ainsi qu'il en vient à l'étude de la blessure, la « plaie d'image », le montage qui donne vie à l'image de cinéma. Il met en pratique cette conception de l'image de cinéma en analysant les films, en entrant dans la matière de l'image comme dans la matière oculaire dévidée dans Un Chien Andalou. Il dirige un numéro de la RBC sur ce film, analysant chacune de ces scènes dans la continuité et développant avec brio le motif de la blessure comme une porte d'entrée dans l'image.
Ouvrages et contributions :
« La passion, la douleur et la grâce. Note sur le cinéma et la vidéo dans la dernière décennie (1977-1987) », in L'époque, la mode, la morale, la passion : aspects de l'art d'aujourd'hui 1977-1987, Paris : Centre Georges Pompidou, 1987, pp. 74-87.
L' Acte photographique et autres essais, Paris : Nathan, 1990.
La création vidéo en Belgique (1970-1990), Philippe Dubois et Marc-Emmanuel Mélon, [S.l.] : Points de repère, 1991.
Christian Lebrat : rubans photographiques 1978-1994 : Galerie municipale de Vitry-sur-Seine, 13 janvier - 12 février 1995, Vitry-sur-Seine : Ville de Vitry-sur-Seine, 1994.
Ça tourne depuis cent ans : une histoire du cinéma francophone de Belgique, dir. Philippe Dubois et Edouard Arnoldy, Bruxelles : Communauté Française de Belgique Wallonie-Bruxelles, 1995 cote : 11.01 BEL DUB
Cinéma et dernières technologies, dir. Frank Beau, Philippe Dubois, Gérard Leblanc, Bruxelles : Paris : De Boeck Université, 1998 cote : 22 BEA c
« La tempête et la matière-temps, ou Le sublime et le figural dans l'œuvre de Jean Epstein », Jean Epstein : cinéaste, poète, philosophe, dir. Jacques Aumont, Paris : Cinémathèque Française, 1998.
L'effet film : figures, matières et formes du cinéma en photographie : 4 mai-30 juin 1999, Lyon, Galerie Le Réverbère 2, Lyon ; 17 juillet-26 septembre 1999, Lectoure (gers), Centre de la photographie ; 2 novembre-31 décembre 1999, Cherbourg, École régionale des beaux-arts, Lyon : Galerie Le Réverbère 2, 1999.
« La Jetée ou le cinématogramme de la conscience », Recherches sur Chris Marker, dir. Philippe Dubois, Paris : Presses Sorbonne Nouvelle, 2002, pp. 8-44.
Cinéma, art(s) plastique(s), dir. Pierre Taminiaux et Claude Murcia, Paris : L'Harmattan, 2004.
Oui, c'est du cinéma =Yes, it's cinema : formes et espaces de l'image en mouvement = forms and spaces of the moving image, Philippe Dubois, Lucia Ramos Monteiro, Alessandro Bordina, Pasian di Prato : Campanotto, 2009.
Extended cinema : le cinéma gagne du terrain, dir. Philippe Dubois, Frédéric Monvoisin, Elena Biserna, Pasian di Prato : Campanotto, 2010.
La question vidéo : entre cinéma et art contemporain, Crisnée: Yellow Now, 2011 cote : 22.01 DUB q
Articles :
« L' image à la vitesse de la pensée », Cahiers du cinéma n° 437 supplément, novembre 1990, pp. 76-77.
« La question du panorama », Cinémathèque n° 4, Automne 1993, pp. 22-39.
Revue Belge du Cinéma, numéro consacré à Un Chien Andalou, 1993, n°33-34-35, dir. par Philippe Dubois et Édouard Arnoldy.
Sur Philippe Dubois :
Luc Vancheri, « Philippe Dubois : plaies d'images », Les pensées figurales de l'image, Paris : Armand Colin, 2011, pp. 161-167 cote : 24 VAN