Identité

Adonis Kyrou, plus connu sous le nom d'Ado Kyrou

 

Date de naissance :

18 octobre 1923

Lieu de naissance :

Athènes

 

Date de décès :

4 novembre 1985

Lieu de décès :

Paris

 

Il a utilisé le pseudonyme de Jean Charlaire pour écrire dans Le Libertaire.

Formation et Carrière

Arrivé en France dans les années 1940, Ado Kyrou est correspondant pour un journal grec et termine ses études de lettres à la Sorbonne. Il rencontre les Surréalistes, collabore à la revue Le Surréalisme même et fonde la revue L'Âge du cinéma dans laquelle il écrit jusqu'au dernier numéro (1948-1953) et crée en 1956 la revue Bizarre avec Jean Ferry. En 1954, il devient rédacteur à Positif, revue à laquelle il participe pendant 16 ans. Il a aussi publié quelques textes pour la chronique cinématographique de la revue anarchiste Le Libertaire, L'Âge nouveau, Saint-Cinéma-des-Prés, Les Lettres Nouvelles, La Méthode.

Trajectoire Scientifique

Ado Kyrou est un critique et historien célèbre pour ses avis tranchés, ce qui fit dire au scénariste Jean Curtelin qu'il était un « esprit convaincu que la tolérance mène aux camps de concentration » (Présence du cinéma, juin 1959). Critique sentimental, il défend avec conviction ses héros (Luis Buñuel, Frank Borzage, Georges Méliès) et rejette entièrement d'autres cinéastes (Roberto Rossellini et Robert Bresson le dégoutent particulièrement, ainsi que les frères Lumière et Jean Cocteau ). Il se passionne pour un certain cinéma, qui exalte le réel, le rend lyrique et poétique. Sans jamais céder à la politique des auteurs - mais il voue une grande admiration à Luis Buñuel -, il ne s'arrête pas non plus à un genre particulier - bien que les films d'horreur attirent particulièrement son attention. Enthousiaste et anticonformiste, beaucoup moins préoccupé par l'élaboration d'une théorie que par l'expression de ses passions, Ado Kyrou écrit selon ses exaltations. Il refuse l'établissement d'une norme culturelle car le cinéma est un spectacle avant d'être une culture. Il affirme même qu'une histoire du cinéma est impossible car elle devrait réunir des films qui n'ont rien à voir ensemble et que l'histoire du cinéma change avec le temps, les goûts, l'apparition et la disparition matérielle des films. Il écrit ses livres contre l'académisme et les répétitions d'idées toutes faites sur des films déjà vus. Méprisant le concept de « chef-d'œuvre », Ado Kyrou a su apprécier des films délaissés (comme Gun Crazy de Joseph H. Lewis) et des réalisateurs (Josef von Sternberg) avant leur consécration par les cinéphiles. Il cherche au cinéma l'érotisme, le rêve, le fantastique et reste marqué par sa rencontre avec le Surréalisme. En 1947, Ado Kyrou rencontre le groupe d'André Breton venu saboter une fameuse conférence de Tristan Tzara sur le Surréalisme dans l'après-guerre. Il se lie alors à eux et fonde la revue L'Âge du cinéma avec trois autres admirateurs du Surréalisme (Robert Benayoun, Georges Goldfayn et Gérard Legrand). Rare revue dissidente par rapport au réalisme des Cahiers du cinéma, L'Âge du cinéma revendique l'héritage surréaliste. Pourtant, Ado Kyrou essaie d'affirmer sa liberté par rapport à tout dogme. Il annonce dans la préface de son célèbre ouvrage intitulé Le Surréalisme au cinéma, que « le Surréalisme au cinéma est un livre asocial. Il ne se reconnaît ni Dieu, ni Maître, ni Famille ». Ado Kyrou a voulu démontrer que les surréalistes ont à tort mésestimé le cinéma qu'il considère comme le meilleur médium de leur pensée. Il rattache des films à ce courant, comme ceux de Tod Browning, injustement méconnus selon lui et fait le point sur L'Âge d'or, film apparenté au Surréalisme. Malgré ses critiques passionnées, les écrits d'Ado Kyrou sont culturellement et scientifiquement solides. Son second ouvrage sur l'amour et l'érotisme au cinéma est un bilan documenté pour lequel il a constitué une bibliographie minutieuse, interviewé de nombreux contemporains qui se sont intéressés à cette question (Louis Chavance, Jacques Brunius) et visionné de nombreux films oubliés, notamment grâce à l'aide d'Henri Langlois. Il accorde aussi de nombreuses pages aux actrices, ces « sorcières de l'écran » qui l'envoutent et le fascinent dans les salles obscures. Il sait reconnaître les talents naissants, la force de Louise Brooks, la grâce de Cyd Charisse mais Marlene Dietrich, Mae West, Silvia Sidney, Betty Boop, Francesca Bertini, Alida Valli font aussi partie de son Panthéon. Elles sont les symboles de l'amour fou surréaliste qui le fascine et de son propre « amour fou » pour le cinéma.

Autres activités

Ado Kyrou a été l'assistant de cinéastes comme Claude Autant-Lara ou Christian-Jaque, et a réalisé ses propres films à partir de 1957, au cinéma puis à la télévision.

En 1966, il publie L'Âge d'or de la carte postale (éd. André Balland).

Bibliographie

Bibliographie sélective

 

Ouvrages et contributions :


Manuel du parfait petit spectateur, Ado Kyrou et Siné, Viry-Chatillon : J. Monnerie, 1958.
Le Surréalisme au cinéma, Paris : le Terrain vague (Presses parisiennes), 1963.
Luis Buñuel, Présentation par Ado Kyrou, textes et propos de Luis Buñuel, écrits surréalistes, extraits de films, témoignages, Paris : Seghers (Ligugé, impr. Aubin), 1964.
Amour-érotisme et cinéma, Paris, E. Losfeld, 1966.
Anthologie permanente de l'érotisme au cinéma, Sex vampire (1.), dirigée par Éric Losfeld ; photographies de Jean Rollin ; présenté par Ado Kyrou, Paris : le Terrain vague, 1972.
Marilyn Monroe, Paris : E.P. Denoël, 1972.

 

Articles :


« Romantisme et cinéma - Pour un cinéma frénétique », L'Âge du cinéma n° 1, mars 1951, p. 3.
« L'univers personnel dans la réalisation », L'Âge du cinéma n° 2, mai 1951, p. 10.
« 'L'Âge d'or', centre et tremplin du cinéma surréaliste », L'Âge du cinéma n° 4-5, août 1951, p. 3.
« Notes sur l'érotisme des films dansés », Positif n° 12, novembre 1954, p. 33.
« Un Coup de Sabrina dans l'eau », Positif n° 13, mars 1955, p. 58.
« Le Plus grand cinéaste français », co-écrit avec Jacques Demeure, Positif n° 16, mai 1956, p. 37.
« Le public et le surréalisme », Cinéma n° 11, « Cinéma & société », mai 1956, p. 88.
« Tati et le monde extérieur », Cinéma n° 12, octobre 1956, p. 9.
« Entretien avec Jacques Tati », Cinéma n° 12, octobre 1956, p. 13.
« Bela Lugosi hier et demain », Positif n° 19, décembre 1956, p. 48.
« La Science et la fiction », Positif n° 24, mai 1957, p. 29.
« Le merveilleux de la réalité », Cinéma n° 20, juillet 1957, p. 38.
« L'année dernière à Marienbad », Positif n° 40, juillet 1961, p. 65.
« Un itinéraire exemplaire », L'Avant-Scène Cinéma n° 27-28, 15 Juin 1963, p. 9.
« L'Érotisme cinématographique en 1964 », Positif n° 61-62-63, juin 1964, p. 9.
« Un Nouveau genre cinématographique ? », Positif n° 61-62-63, juin 1964, p. 145.
« D'un certain cinéma clandestin », Positif n° 61-62-63, juin 1964, p. 205.
« Sternberg, avant, pendant, après Marlene », Positif n° 75, mai 1966, p. 71.
« Questions aux cinéastes » (collab. équipe de rédaction), Cahiers du cinéma n° 185, décembre 1966, pp. 112-125.
« Enjôleuse », Christiane Rochefort, Ado Kyrou, Les cahiers de la cinémathèque n° 4, automne 1971, n. p.
« Les Hauts de Hurlevent », Les cahiers de la cinémathèque n° 4, automne 1971, n. p.
« La Louve de Calabre », Janick Arbois ; Ado Kyrou, Les cahiers de la cinémathèque n° 4, automne 1971, n. p.
« Le Navire des filles perdues », Les cahiers de la cinémathèque n° 4, automne 1971, n.p.
« Le Voyage sans retour », Les cahiers de la cinémathèque n° 4, automne 1971, n. p.
« Nous avions vingt ans », Positif n° 375-376, mai 1992, p. 9.
« Images d'un festival », Cahiers du cinéma n° 20 Hors série, avril 1997, pp. 33-36.


Sur Ado Kyrou :


Jean Curtelin, « Ado Kyrou, homme d'église », Présence du cinéma, juin 1959, p. 30.
« En réaction contre l'académisme » (entretien avec Ado Kyrou), Les Lettres françaises, 24-30 septembre 1959.
Entretien avec Ado Kyrou par Robert Grelier, La revue du cinéma. Image et son, n°239, mai 1970, pp. 76-77.
Louis Seguin, « Ado Kyrou », Positif, n°298, décembre 1985, p. 2.
La critique de cinéma en France : histoire, anthologie, dictionnaire, Michel Ciment et Jacques Zimmer (dir.), Paris : Ramsay, 1997, p. 348 cote : 43 CIM c