Identité

Date de naissance :
4 février 1904
Lieu de naissance :
Nancy


Date de décès :
13 octobre 1967
Lieu de décès :
Paris

Formation et Carrière

Après des études de droit, Georges Sadoul s'activa au sein du groupe surréaliste qu'il quitta en 1932, l'année de son adhésion au Parti communiste. Il commença alors à écrire dans la presse d'extrême gauche : Commune, Mon Camarade, Regards. Ses premiers textes sur le cinéma datent de 1935. Promoteur du Comité national des écrivains sous l'Occupation, il écrivit dans Les Lettres françaises. En 1956, il fut nommé docteur en histoire de l'art par l'académie de Moscou grâce à une thèse sur « L'histoire du cinéma ». Il écrivit dans Les Lettres françaises, L'Écran français, Europe, Les Cahiers du cinéma, Iluminace, Film und Fernhehen, EPD Film, Cine Cubano, L'Avant-Scène cinéma. Il professa à l'IDHEC, l'Institut de filmologie, au centre audiovisuel de Saint-Cloud. Il collabora à L'Association de la critique, la Fédération des ciné-clubs, la Cinémathèque, et au Bureau international des recherches historiques sur le cinéma. En 1962, il fonda avec Louis Marcorelle la Semaine internationale de la critique du festival de Cannes.

Trajectoire Scientifique

Surréaliste converti au communisme, Georges Sadoul est devenu l'historien marxiste du cinéma. Il se lança dans ce projet d'envergure à une époque où n'existaient en France et à l'étranger ni catalogue exhaustif ni réelle Cinémathèque, à la suite de la parution de l'Histoire du cinéma de Bardèche et Brasillach, essai inspiré par les thèses de l'extrême droite auquel il voulut riposter. L'enjeu était double : donner une légitimité artistique au cinéma en proposant une histoire de son développement comparable à celle dont sont dotés les autres arts, donner une légitimité scientifique à cette histoire en la fondant sur des données économiques. À cette double exigence devait correspondre un point de vue universaliste et panoramique, englobant les cinématographies de tous les pays et de toutes les époques. Le grand œuvre de Sadoul est ainsi l'Histoire générale du cinéma, fresque en cinq volumes publiée entre 1946 et 1954. À la suite de Moussinac et Delluc, Sadoul analyse, au moyen de synthèses ambitieuses, le phénomène cinématographique à partir de ses données économiques et techniques, décrivant par exemple le passage de l'artisanat au stade industriel, puis aux trusts américains, puis « l'emprise » du capital sur l'industrie cinématographique. Il fut ainsi le premier à concevoir une histoire horizontale du cinéma dans laquelle la production est traitée de manière diachronique (pour chaque pays) et synchronique (pour le monde entier). L'attachement à une optique matérialiste se double d'un discours militant promouvant le cinéma comme art fait par les masses industrieuses : « Les masses travailleuses du monde avaient en définitive engendré l'art du film » (Du film d'art aux débuts de l'art du film. 1908-1920), militantisme qui lui fit méconnaître certains aspects bénéfiques de l'industrie du cinéma (incarnée par Hollywood) au profit des seules vertus du cinéma soviétique. Cette Histoire générale du cinéma, restée inachevée, est complétée de manière éparse par des volumes isolés où la volonté totalisante se fait moins forte, plus attentive à décrire des cinématographies nationales (Panorama du cinéma hongrois) ou à ramasser en un volume les fresques au long cours (Histoire du cinéma mondial). On peut aussi noter un intérêt, remarquable pour l'époque, envers les pères fondateurs du cinéma - Lumière et Méliès - qui répond peut-être au désir de poser une généalogie de l'art cinématographique. Enfin, si Sadoul est l'historien des techniques et des fondements économiques du cinéma, il est aussi l'auteur de quelques monographies (Charlot, Méliès) et de dictionnaires consacrés aux cinéastes et aux films, titres dégagés de l'ambition totalisante historique et plus attentifs à recueillir les singularités des œuvres.
Georges Sadoul fut aussi journaliste et critique de cinéma. Ses goûts étaient dictés par une certaine rigidité idéologique associant une défiance envers le cinéma américain, accusé de se livrer à une noirceur complaisante, à une défense sans nuance du cinéma français et des cinématographies socialistes, loués pour leur « réalisme ». Ce discours lui valut d'ailleurs des échanges houleux avec les jeunes Turcs de la Nouvelle Vague, d'où le fameux mot de Claude Chabrol : « Il faut désadouliser l'histoire du cinéma. » Cette rigidité dissimule cependant quelque partis pris qui font la preuve d'une réelle singularité de goûts - comme en témoigne la défense passionnée du honni Gertrud de Dreyer - et d'une certaine lucidité qui lui fit réviser, à des années d'intervalle, quelques-uns de ses jugements.

Autres activités

Scénariste. Traducteur.
Création en 1968 par Ruta Sadoul du Prix Georges-Sadoul qui récompense un premier ou un second film français et étranger.

Bibliographie

Ouvrages :

Histoire générale du cinéma, T1, L'Invention du cinéma1832-1897, Paris, Denoël, 1946, 438 p. cote : 10 SAD h
Histoire générale du cinéma T2, Les Pionniers du cinéma 1897-1909 (de Méliès à Path), Paris, Denoël, 1947, 627 p. cote : RES 826
Histoire générale du cinéma T3, Le Cinéma devient un art, 1909-1920, Paris, Denoël, 1952 (1er vol. : « L'Avant-guerre », 371 p. cote : HL 3617, 2e vol. : « La Première Guerre mondiale », 547 p.) cote : HL 3939
Histoire générale du cinéma T6, L'Epoque contemporaine (1939-1954), Le cinéma pendant la guerre 1939-1945, Paris, Denoël, 1954, 329 p. cote : 10 SAD h
Index To The Creative Works of Georges Méliès, Londres, British Film Institute, 1947.
British Creators of Film Technique, Londres, British Film Institute, 1948. cote : HL 1504

Le Cinéma, son art, sa technique, son économie, Paris, La Bibliothèque Française, 1948, 224 p. cote : 10 SAD c
Histoire d'un art : le cinéma, Paris, Flammarion, 1949, 494 p. cote : 10 SAD h
Vie de Charlot : Charlie Spencer Chaplin, ses films et son temps, Les Éditeurs français réunis, 1952, 267 p. cote : HL 3824
Panorama du cinéma hongrois : 1896-1953, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1952, 63 p. cote : 11.01 HUN SAD
Les Merveilles du cinéma, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1957, 256 p. cote : 10 SAD m
Conquête du cinéma, Paris, Geldage, 1960, 192 p. cote : 10 SAD c
Histoire du cinéma, Paris, Ditis, 1961, 639 p.
Georges Méliès, Seghers, coll. « Cinéma d'aujourd'hui », 1961, 204 p. cote : 51 MELIE SAD

Le Cinéma français 1890-1962, Paris, Flammarion, 1962, 293 p. cote : 11.01 FRA SAD
De l'autre côté des caméras, Paris, La Farandole, 1962, 113 p. cote : GS 304
Louis Lumière, Paris, Seghers, coll. « Cinéma d'aujourd'hui », 1964, 191 p. cote :51 LUMIE SAD
Dictionnaire des cinéastes, Paris, Le Seuil, 1965, 256 p. cote : GS 15
Dictionnaire des films, Paris, Le Seuil, 1965, 288 p. cote : GS 36
Histoire du cinéma mondial des origines à nos jours, Paris, Flammarion, 1966, 721 p. cote : 10 SAD h
Les Cinémas des pays arabes, Beyrouth, 1966, 288 p. cote : 11.02 --- SAD
Gérard Philipe, Paris, Seghers, 1967, 192 p. cote : 51 PHILIg SAD
Dziga Vertov, Paris, Champ libre, 1971, 173 p. cote : 51 VERTO SAD
Ecrits 1 : Chroniques du cinéma français (1939-1967), Paris, UGE, coll. « 10/18 », 1979, 431 p. cote :43 SAD e
Rencontres 1 : chroniques et entretiens, Paris, Denoël, 1984, 384 p. cote : 43 SAD r
Lumière et Méliès, Paris, Lherminier, 1985, 279 p. cote : 50.02 SAD l


Contributions :

Luis Buñuel, Viridiana, Paris, Interspectacles, 1962, 160 p. (Préfacier). cote : GS 35
Joris Ivens, Paris, Seghers, 1963, 192 p. (Préfacier). cote : 51 IVENS ZAL
Carlo Lizzani, Le Cinéma italien, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1955, 253 p. (Préfacier). cote : 11.01 ITA LIZ
Léon Moussinac, L'Âge ingrat du cinéma, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1967, 383 p. (Préfacier). cote : 10 MOU a


Articles :


Cf. L'Écran français, Les Lettres françaises, Europe, Les Cahiers du cinéma, Iluminace, Film und Fernhehen, EPD Film, Cine Cubano, L'Avant-Scène Cinéma.

 

Sélection :
« A work in progress », Cahiers du cinéma, n° 91, janvier 1959, pp. 46-51.
« Divagations sur le huitième art », Cahiers du cinéma, n° 132, juin 1962, pp. 8-13.
« Dziga Vertov », Cahiers du cinéma, n° 220-221, mai-juin 1970, pp. 18-25.
« Le cinéma japonais vers 1920 », Cahiers du cinéma, n° 166-167, mai-juin 1965, pp. 42-47.
« Autour d'une indépendance : conversations avec quatre jeunes cinéastes japonais », Cahiers du cinéma, n° 166-167, mai-juin 1965, pp. 34-41.
« Le Songe d'une nuit d'été », Cahiers du cinéma, n° 96, juin 1959, pp. 44-45.


Sur Georges Sadoul :

Antonio Rodrig, « Paradoxes : relire Sadoul », Cinématographe, n° 87, mars 1983, pp. 60-61.
Emmanuel Decaux, « Georges Sadoul, prisonnier de l'Histoire », Cinématographe, n° 60, septembre 1980, pp. 27-29.
Cinéma 72, n° 209, mai 1976, pp. 57-73.
Marcel Martin et M. Capdenac, « Il y a dix ans, Sadoul », L'Écran, n° 62, octobre 1977, pp. 3-4.


Autres activités

 

Ouvrages :
Voici Moscou, Paris, Flammarion, s.d., 88 p.
Les Religions et le chômage : la croisade de charité, Paris, Bureau d'éditions, 1932, 85 p.
Ce que lisent vos enfants, la presse enfantine de France, son histoire, son évolution, son influence, Paris, Bureau d'éditions, 1938, 56 p.
Les Aventures de Pierrot Lancry, Paris, Éditions sociales internationales, 1938, 242 p.
Mystère et puissance de l'atome, Paris, Éditions Hier et aujourd'hui, 1947, 255 p.
Aragon , Paris, Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », 1967, 215 p.
Jacques Callot, miroir de son temps , Paris, Gallimard, 1969, 407 p.
Journal de guerre, 2 septembre 1939-20 juillet 1940 , Paris, L'Harmattan, 1994, 396 p.
Charles Hainchelin, Les Origines de la religion, Paris, Éditions sociales, 1957, 336 p. (Préfacier).
Sigmund Freud, Délires et rêves dans un ouvrage littéraire : la Gradiva de Jensen, Paris, Gallimard, 1931, 221 p. (Traducteur avec E. Zak).

 

Scénarios :
La Naissance du cinéma, de Roger Leenhardt, 1946.
Commentaire et montage de La Grande Parade de Charlot, 1948.
Collaboration au scénario de La Seine a rencontré Paris de Joris Ivens, 1958.