Pseudonyme de :
Jean-René Pierre Goetgheluck Le Rouge Tillard des Acres de Presfontaines
Date de naissance :
7 novembre 1904
Lieu de naissance :
Soissons
Date de décès :
18 janvier 1988
Lieu de décès :
La Garenne-Colombes
Jean Mitry se consacre dès 1924 à l'animation de plusieurs ciné-clubs et collabore de 1923 à 1930 à de nombreuses revues de cinéma : Cinéa-Ciné pour tous réunis, Les Cahiers du mois, Lumière et Radio, Photo-Ciné et Ciné-documents. Avec Henri Langlois et Georges Franju, ils fondent le Cercle du cinéma en 1935, qui devient la Cinémathèque française l'année suivante - Mitry y remplit la fonction d'archiviste jusqu'en 1945. Après la Libération, il enseigne à l'IDHEC, à l'université de Montréal et de Paris I, et continue à publier régulièrement dans Volontés (1944), Stars et Films (1947-1948), Ciné-club (1948), UFOCEL-informations (1948-1951), Image et Son (1951-1956), Le Technicien du film (1956-1957), Art et Essai (1965-1966), Cinématographie (1981-1985) et 1895 (1985-1988). Animateur d'émissions culturelles à la RTF, Mitry crée en 1954 la première collection suivie consacrée au cinéma, les « Classiques du Cinéma », aux Éditions universitaires.
Historien et théoricien du cinéma, Jean Mitry est l'homme des travaux de grandes envergures. Soucieux de conserver la mémoire du cinéma - les copies, mais aussi la documentation -, il envisage avec Henri Langlois, lors de la création de la Cinémathèque, la constitution d'un index universel du cinéma, qui fournirait la filmographie complète de chaque cinéaste, période par période. Dès lors, Mitry édifie tout au long de sa vie plus de cent mille fiches, concernant près de deux mille réalisateurs et couvrant presque un siècle de cinéma (1895-1980). Rassemblée à travers trente-cinq tomes, sa Filmographie universelle est publiée par l'IDHEC de 1963 à 1972, puis par les Archives nationales du film de 1979 à 1988. Parallèlement, Mitry s'attèle à une monumentale Histoire du cinéma, qui recouvre le cinéma mondial de ses débuts jusqu'à l'aube des années cinquante ; débutée en 1934, mais publiée à partir de 1967 en cinq volumes, son Histoire est l'œuvre d'un cinéphile érudit, où le cinéma ne peut être appréhendé qu'à travers une vision globale, artistique mais aussi industrielle et économique. Pour Mitry, « l'histoire doit désormais franchir l'examen des faits ou l'étude des oeuvres pour aborder celle des conditions et des intentions qui les ont permis ou suscités. » (Histoire du cinéma, tome 1). Fondateur de la collection « Classiques du cinéma », Mitry consacre également des monographies à John Ford, Eisenstein, Chaplin et René Clair. Ne se limitant ni au commentaire critique ni à la biographie, il se dégage de ces travaux un souci théorique - sa compréhension des théories d'Eisenstein ou son analyse du mythe de Charlot sont d'un grand intérêt - et une volonté d'esquisser une « psychologie de l'art ». Car l'œuvre clé de Mitry reste pour beaucoup les deux tomes de son Esthétique et Psychologie du cinéma. Reprenant tous les problèmes théoriques fondamentaux - le cinéma en tant que langage, la psychologie des mouvements de caméra et de la profondeur de champ, les notions de temps, d'espace, de réalité, les structures de l'image, etc. - développés par ses prédécesseurs - dont Arnheim, Balàsz, Cohen-Séat et Morin -, Mitry apporte un nouvel éclairage en développant une thèse anti-bazinienne qui écarte tout présupposé philosophique au profit d'une logique scientifique. Car « les conditions de l'expression filmique [sont] fondées, de toute évidence, sur la psychologie des perceptions et les phénomènes de consciences » (Esthétique, tome 2). Polémiste jusqu'à la fin de sa vie - à l'image des « propos intempestifs » qu'il rédige dans Cinématographe -, Mitry effectue, plus de vingt ans après, une relecture critique d'Esthétique et, refusant d'être dépassé par une nouvelle génération de théoriciens qui travaille à moderniser la réflexion cinématographique, se réfère aux travaux de Metz - pourtant analyste révérencieux de Mitry - afin de démontrer les limites de la sémiologie appliquée au film et de proclamer « son échec entendu au sens large » (La Sémiologie en question).
Assistant d'Abel Gance, de Pierre Chenal et de Jean Epstein, puis réalisateur de plusieurs courts-métrages expérimentaux et de deux longs métrages.
Figurant, puis acteur, notamment dans La Nuit du carrefour de Jean Renoir (1932) et À vol d'oiseau de Christopher Miles (1965).
Poète.
Ouvrages français :
Emile Jannings : ses débuts, ses films, ses aventures, Paris, Publication Jean Pascal, coll. « Les Grands Artistes de l'écran », 1928, 64 p. cote : RES 358
John Ford, 2 volumes, Paris, Éditions universitaires, coll. « Classiques du cinéma », 1954, 149 p. et 110 p. cote : 51 FORDj MIT
S.M. Eisenstein, Paris, Éditions universitaires, coll. « Classiques du cinéma », 1955, 155 p. cote : 51 EISEN MIT
Thomas H. Ince : Maître du cinéma, Paris, Cinémathèque française, 1956, 64 p. cote : 51 INCE CIN
Charlot et la « Fabulation » chaplinesque, Paris, Éditions universitaires, coll. « Classiques du Cinéma », 1957, 189 p. cote :51 CHAPL MIT
René Clair, Paris, Éditions universitaires, coll. « Classiques du Cinéma », 1960, 191 p. cote : 51 CLAIR MIT
Dictionnaire du Cinéma, Paris, Larousse, coll. « Dictionnaire de l'Homme du XX e siècle », 1963, 327 p. cote : 02 MIT d
Filmographie universelle, tomes 1 à 16, Paris, IDHEC, coll. « Cours et publications de l'IDHEC : Histoire et sociologie », 1963-1973. cote : 02 MIT f
Esthétique et Psychologie du cinéma, tome 1 : Les structures, Paris, Éditions universitaires, coll. « Encyclopédie universitaire », 1963, 426 p. cote bifi : 22 MIT e
Esthétique et Psychologie du cinéma, tome 2 : Les formes, Paris, Éditions universitaires, coll. « Encyclopédie universitaire », 1965, 467 p. cote bifi : 22 MIT e
Histoire du cinéma : Art et Industrie, tomes 1 à 3, Paris, Éditions universitaires, coll. « Encyclopédie universitaire », 1967/1969/1973, 472 p./520 p./630 p. cote bifi : 10 MIT h
Tout Chaplin : tous les films par le texte, par le gag et par l'image, Paris, Seghers, coll. « Cinéma Club », 1972, 378 p. cote : 51 CHAPL MIT
Le Cinéma expérimental. Histoire et perspective , Paris, Seghers, coll. « Cinéma 2000 », 1974, 309 p. cote : 31.05 MIT c
S.M. Eisenstein , édition définitive, Paris, Jean-Pierre Delarge, 1978, 208 p. cote : 51 EISEN MIT
La Sémiologie en question : Langage et Cinéma, Paris, Éditions. du Cerf, coll. « 7 e Art », 1987, 279 p. cote : 24 MET s
Tout Chaplin : l'œuvre complète présentée par le texte et par l'image, édition définitive, Paris, Atlas, 1987, 302 p. cote :51 CHAPL MIT
Filmographie universelle, tomes 17 à 35, Bois-d'Arcy, services des Archives du Film du CNC, 1979-1988. cote : 02 MIT f
Histoire du Cinéma : Art et Industrie, tomes 4 et 5, Paris, Jean-Pierre Delarge, coll. « Encyclopédie universitaire », 1980, 735 p. et 652 p. cote :10 MIT h
Contributions (ouvrages français) :
Paul Georges, A.B.C. du cinéma : lexique, Paris, Bloud & Gay, 1961, 224 p. (préface). cote : 02.01 GEO a
D.W. Griffith : Colloque International, sous la direction de Jean Mottet, Paris, Publications de la Sorbonne/L'Harmattan, 1984, 334 p.
Charlie Chaplin, sous la direction de Joël Magny, Paris, Cahiers du cinéma, 1987, 170 p. (entretien).
Traductions (ouvrages étrangers) :
Estetika I psihologjia filma, Belgrade, Institut za Film, 1966.
Storia del Cinema Sperimentale , Milan, Mazzotta, 1971.
Estetica y psichologia del cine, Madrid, Ed. Siglo XXI, 1978.
Articles en français :
« De quelques problèmes d'histoire et d'esthétique du cinéma », Cahiers de la cinémathèque, n° 10-11, été/automne 1973, pp. 112-141.
« Frank Lloyd », coauteur Claude Beylie, Écran, n° 42, décembre 1975, pp. 49-59.
« Propos intempestifs. Les légendes ont la vie dure. [sur La Roue d'Abel Gance et Greed de von Stroheim] », Cinématographe, n° 69, juillet 1981, pp. 64-66.
« Cinéma, histoire, société : le problème des versions originales », Image et Son, n° 369, février 1982, pp. 122-125.
« Les mésaventures d'un pompier [sur The Life of an American Fireman d'Edwin S. Porter] », Cinématographe, n° 74, avril 1982, pp. 56-59.
« Les impasses de la sémiologie », Cinématographe, n° 89, mai 1983, pp. 64-66.
« Les structures narratives », Cinématographe, n° 104, novembre 1984, pp. 74-75.
« Une déception : la Vitagraph. Une re-découverte : Fatty [Arbuckle] », 1895, n° 4, juin 1988, pp. 2-6.
Articles en anglais :
« The Birth of a Style [sur John Ford] », Wide Angle, Vol. II, n° 4, 1978, pp. 4-7.
« Music and Cinema », Film Reader, n° 3, 1978, pp. 136-149.
« Thomas H. Ince : his Esthetic, his Films, his Legacy », Cinema Journal, Vol. XXII, n° 2, hiver 1983, pp. 2-25.
Articles en français sur Jean Mitry :
Marcel Oms, « Jean Mitry : la nécessité de l'histoire », CinémAction, n° 47, avril 1988, pp. 23-27.
Benoît Patar, « Historien, oui, mais théoricien avant tout », CinémAction, n° 47, avril 1988, pp. 27-30.
Benoît Patar, « Jean Mitry : un géant », CinémAction, n° 60, juillet 1991, pp. 132-139.
Article en anglais sur Jean Mitry :
Dudley Andrew, « The Film Theory of Jean Mitry », Cinema journal, Vol. XIV, n° 3, printemps 1975, pp. 1-17.
Autres activités :
Filmographie (réalisation) :
Paris Cinéma, court métrage, coréalisation Pierre Chenal, 1929.
Pacific 231, court métrage, 1949.
Le Paquebot Liberté, court métrage, 1950.
Au pays des Grands Causses, court métrage, 1951.
Images pour Debussy, court métrage, 1952.
En bateau, court métrage, 1952.
Symphonie mécanique, court métrage, 1955.
La Machine et l'Homme, court métrage, 1956.
Le Miracle des ailes, court métrage, coréalisation Georges Beuville, 1956.
Chopin, court métrage, 1958.
Énigme aux Folies-Bergères, long métrage, 1959.
Ecrire un film, court métrage, 1960.
Le Quatrième Sexe, long métrage, 1962.
Les Héros de l'air, court métrage, coréalisation Roger Laurent, 1963.
Poèmes :
L'Ave Venus, Montréal/Paris, Le Préambule/Diffedit, 1980.
Le Panier à salade, Montréal/Paris, Le Préambule/Belles Lettres, 1983.