Identité

Nationalité :
Allemande, puis française à partir de 1952

Date de naissance
:
5 mars 1896
Lieu de naissance :
Berlin

Date de décès :
25 novembre 1983
Lieu de décès :
Paris

Formation et Carrière

Lotte H. Eisner était Docteur en art et archéologie (doctorat sur la composition des images sur les vases grecs). En 1937, elle entre à la Cinémathèque française, fondée l'année précédente par Henri Langlois et Georges Franju, dont elle sera conservatrice en chef de 1945 à 1975. Lotte H. Eisner a écrit dans Film Kurier (1927-1933), Internationale Filmschau, World Films News, La Revue du cinéma, Cahiers du cinéma, Filmkritik, Filmfaust, Contracampo, Cinématographe, Cinéma 72, etc. Elle a été décorée de la Légion d'honneur en 1982 et a reçu en 1982 le Prix Helmut Käutner qui distingue les personnalités ayant « soutenu et influencé de manière marquante le développement de la culture cinématographique allemande ».

Trajectoire Scientifique

Critique et historienne du cinéma, Lotte H. Eisner, personnalité exceptionnelle, est l'une des grandes spécialistes du cinéma allemand. Historienne d'art spécialisée dans l'art grec antique, elle fut d'abord critique de théâtre à Berlin. Elle apprit son métier de critique de cinéma en se rendant sur les plateaux de tournage où elle assistait, en direct, au tournage des films. En 1933, obligée de fuir le nazisme, elle se réfugie en France. Là, elle rencontre Henri Langlois et se lie d'amitié avec lui. Pendant la guerre, sous la fausse identité de Louise Escoffier, elle se cache avec l'aide de Langlois au château de Béduer près de Figeac dans le lot. De 1941 au début de 1945, elle y inventorie les nombreuses bobines de films précieux que Langlois à réussi à dissimuler aux allemands. En 1945, elle participe, avec Langlois et Franju, à la grande aventure de l'essor de la Cinémathèque française. Chargée de traiter le cinéma muet allemand par Langlois, elle contribua, en parcourant le monde entier, à enrichir considérablement le fonds de documents et objets ayant trait à l'histoire du cinéma. Elle travailla, en particulier, sur le décor de cinéma en acquérant des pièces de Max Douy, Andreï Andreïev, Hunte, Herlth, Rohrig, Warm, etc. En 1952, paraît L'Écran démoniaque, suivi d'une version définitive en 1965. Dans cet ouvrage majeur consacré au cinéma muet allemand, Lotte H. Eisner, adoptant un point de vue d'historienne de l'art, étudie les films dans leurs rapports avec l'architecture, la peinture, le théâtre, établissant ainsi des passerelles entre les arts et mettant au jour toutes les diverses et riches influences qui ont façonné le cinéma allemand : Max Reinhardt, Karl May, la science de la lumière apportée par les cameramen danois, etc. Lotte H. Eisner établit des différences, mais aussi des glissements entre le genre expressionniste, le « Kammerspiel » (« film de chambre »), et la « Neue Sachlichkeit » (Nouvelle Objectivité). Elle place au centre de la «weltanschauung » (vision du monde) allemande un fort sentiment d'inquiétude qui nourrit l'univers de ces films. Elle se démarque nettement de la vision de Kracauer qui, dans De Caligari à Hitler, établit une continuité entre l'expressionnisme et le nazisme.
Lotte H. Eisner connut de grandes amitiés, que ce soit avec Brecht ou Louise Brooks, rencontrée sur un tournage de Pabst, et avec laquelle elle a entretenu une correspondance trente années durant. Ses liens privilégiés et sa grande admiration pour Murnau et Lang l'amenèrent à écrire deux de ses ouvrages majeurs. Dans F.W. Murnau, elle livre une véritable enquête policière rendant compte de la filmographie et des tournages du cinéaste. Dans Fritz Lang, elle se livre à un travail biographique. L'intérêt de Lotte H. Eisner pour le cinéma allemand ne se cantonnait pas à la seule période muette (elle préférait ainsi la période américaine de Lubitsch à sa période allemande !) Elle joua un rôle essentiel dans la promotion des cinéastes allemands des années soixante-dix dont elle admirait la puissance d'invention cinématographique, mais aussi le rapport polémique qu'ils entretenaient avec l'Allemagne nazie de leurs pères. Particulièrement attachée à Werner Herzog, elle a aussi soutenu des cinéastes comme Fassbinder, Wenders ou Schlöendorff, jouant ainsi un rôle essentiel de « passeur » entre l'ancienne et la nouvelle génération.

Autres activités

Bibliographie

Articles (sélection) :

« Herzog in Dinkelsbühl », Sight & Sound, vol. XLIII, n° 4, automne 1974, pp. 212-213.
« Einige Erinnerungen an Erich von Stroheim », Filmkritik, vol. XX, n° 2, février 1976, pp. 64-67.
« Rede an die jungen deutschen Filmemacher », Filmfaust, vol. II, n° 9-10, octobre 1978, pp. 4-5.
« Naissance de Fury », Cinématographe, n° 65, février 1981, pp. 25-26.
« Retour à Berlin », Cinématographe, n° 89, mai 1983, pp. 80-81.
« German film historian », Cinéma 72, n° 301, janvier 1984, p. 8.
« Grandeur et décadence du décor », Cahiers du cinéma, n° 355, janvier 1984, pp. 42-44.

Ouvrages :

L'Écran démoniaque : influence de Max Reinhardt et de l'expressionnisme, Paris, André Bonne, Coll. « Encyclopédie du cinéma », 1952, 187 p. cote :11.01 DEU EIS
F.W. Murnau, Paris, Losfeld, Le Terrain vague, 1964, 256 p. cote : RES 676
L'Écran démoniaque, Paris, Losfeld, Le Terrain vague, 1965. (Édition définitive).
Murnau : der Klassiker des deutschen Films, Hannover, Friedrich, 1967, 147 p. cote : 51 MURNA EIS

Fritz Lang, London, Secker & Warburg, 1976, 416 p. cote : 51 LANG EIS
Murnau : mit dem Faksimile des von Murnau beim Drehen verwendeten Orignalskripts von Nosferatu. Frankfurt, Kommunales Kino, 1979, 663 p. cote : 51 MURNA EIS
Fritz Lang, Paris, Cahiers du cinéma, Éditions de l'Étoile, Cinémathèque française, 1984, 454 p. cote : 51 LANG EIS
Ich hatte einst ein schönes Vaterland : Memoiren, München, Deutscher Taschenbuch Ver., 1988, 361 p. cote : 51 EISNE EIS


Contributions :

Vingt Ans de cinéma allemand, 1913-1933, Paris, Centre Georges Pompidou, 1978, 143 p. cote : 11.01 DEU PAS
Great Film Stills of the Ferman Silent Era : 125 Stills from the Stiftung Deutsche Kinemathek, New York, Dover Publications, 1981, 111 p. (Introduction de Lotte H. Eisner). cote : 11.01 DEU KOB
Musée du cinéma Henri Langlois, sous la direction de Glenn Myrent, Paris, Cinémathèque française, 1984, 71 p. cote : 73.01 FRA MYR
Wim Wenders, Paris, Caméra-Stylo, Coll. « Ramsay Poche Cinéma », 1987, 158 p. cote : 51 WENDE WIM


Documentaire sur Lotte H. Eisner :

Les Longues Vacances de Lotte Henriette Eisner, Sohab Sadi Saless.


Articles sur Lotte H. Eisner (sélection) :

« The Moral Taste of Lotte H. Eisner », Richard Roud, Sight & Sound, vol. LIII, n° 2, printemps 1984, pp. 139-140.
« Lotte H. Eisner », Michel Celemenski et Serge Eymann, Cinématographe, n° 95, décembre 1983, pp. 80-81.

« Lotte Eisner, historienne des démons allemands », Laurent Mannoni, catalogue de l'exposition Le Cinéma expressionniste allemand : splendeurs d'une collection. Paris, Éditions de La Martinière / La Cinémathèque française, 2006. pp. 52-68


Entretiens avec Lotte H. Eisner (sélection) :

« Entretien avec Lotte Eisner », Connie Greenbaum, Image et Son, n° 283, avril 1974, pp. 67-69.
« De l'archéologie à l'Histoire », par Marcel Martin, Chantal de Béchade, Alain Garel, Raymond Lefèvre, Daniel Sauvaget, Image et Son, n° 377, novembre 1982, pp. 127-130.
« Die Eisnerin. Entretien avec Lotte H. Eisner », par Renaud Bezombes, Michel Celemenski et Carine Varène, Cinématographe, n° 73, décembre 1981, pp. 25-38.