Pseudonyme :
Jean Florence
Date de naissance :
25 mars 1914
Lieu de naissance :
Paris (France)
Date de décès :
31 juillet 1998
Lieu de décès :
Montpellier (Hérault, France)
Fils du cinéaste Jacques de Baroncelli. Époux de la comédienne Sophie Desmarets
Licencié en droit et lettres, diplômé de l'École libre des sciences politiques, il écrivit au Monde de 1953 à 1983. Il fut membre du jury du festival de Cannes en 1958 et 1963, du festival du cinéma de Venise en 1961, du Comité de sélection des films étrangers pour le festival de Cannes de 1978 à 1992. Il fut également membre de l'Association française de la critique de cinéma et de télévision, de la Société des gens de lettres et du Conseil d'administration du festival de Cannes. Il fut rédacteur en chef des bulletins et des revues d'Unifrance (1957-1978) et nommé Officier de la Légion d'honneur et Commandeur des Arts et des Lettres.
Officiant au journal Le Monde pendant une trentaine d'années, Jean de Baroncelli a contribué à l'institutionnalisation de la critique de cinéma. Il a donné à cet exercice une assise journalistique inédite en développant la place de la rubrique « Cinéma » au sein du Monde au moyen de compte-rendus réguliers, de longs entretiens et d'enquêtes. La pondération qui caractérise ses articles fut aussi le moyen d'asseoir la « respectabilité » du métier de critique : pondération du style au moyen d'exposés concis et de phrases courtes, pondération des idées ne convoquant aucun arsenal théorique, pondération du goût, susceptible d'emballement mais peu amateur de radicalité, pondération du ton, loin de la virulence des Jeunes Turcs de la Nouvelle Vague qui, à la même époque, se livraient à la critique de cinéma de manière totalement opposée. Jean de Baroncelli, répugnant à l'esprit de clan et au durcissement idéologique, attentif aux polémiques de son époque mais ne s'y engageant pas officiellement, préférait rendre compte des films au coup par coup, sans discours général sur le cinéma, sans système affirmé de goûts. Il répondait ainsi, en décembre 1961, à un questionnaire des Cahiers du cinéma sur la critique : « Il est souvent utile (et parfois divinement commode) de s'appuyer sur un "système esthétique". Mais ce "système" ne doit jamais être à ce point rigide qu'il risque de dénaturer et de falsifier ce que vous appelez "l'impression du moment". Je suis hostile à toute forme d'auto-dictature intellectuelle. » Il plaçait le pragmatisme et la modestie au centre de ses critiques, pesant le pour et le contre de chaque film, aimant à intégrer les réactions des spectateurs dans la salle comme un paramètre important de l'analyse (« "Les films de guerre, ça plaît toujours" (...) cette affirmation que l'on entend souvent sur les Champs-Elysées est surprenante mais véridique », Le Monde, 16 septembre 1964). Pas de proclamation théorique violente donc, et pas de revendication du pouvoir de la critique de cinéma : lorsqu'il aimait moyennement un film, le compte-rendu défavorable en était reporté au lundi suivant la sortie. Cette pondération ne l'a pas cependant empêché de rendre compte des révolutions du cinéma des années cinquante et soixante en suivant de près les films de la Nouvelle Vague. Son goût pour les cinéastes des autres pays, notamment Ozu et Bergman, le poussa à amplifier la place à leur accorder dans les pages du Monde, au moyen de séries d'articles de fond sur les cinématographies étrangères. En 1975, il manifesta cependant, fait rare chez cet homme discret, un violent désaccord idéologique vis-à-vis de la direction du Monde à propos des Khmers rouges, différend qui entama quelque peu la vitalité de son travail au sein du journal.
Romancier, scénariste.
Articles :
Cf. Le Monde (1953-1983)
Cf. notamment : Le Monde, 16, 17, 18, 19, 20/21 août 1967 (série sur le cinéma japonais), Le Monde, 7 juillet 1967 (sur Persona d'Ingmar Bergman)
Contribution :
René Clair : Exposition, Palais de Chaillot , Paris, Cinémathèque Française, 1983, 88 p. cote : 51 CLAIR CIN
Sur Jean de Baroncelli :
Michaël Bare, « Le Monde face au cinéma français et international. 1963-1968 », mémoire de maîtrise, université Blaise Pascal, 2000, 309 p. cote : 14 BAR l
Anne-Marie Laulan, Cinéma : presse et public, Paris, Retz, coll. « Actualité des sciences humaines », 1978, 207 p. cote : 72.05 LAU c
Autres activités
Romans :
Vingt-six hommes, Paris, Grasset, 1942, 335 p.
Gilbert, 1945
Né en 1914, Paris, Grasset, 1945, 271 p.
Le Disgracié, Paris, La Jeune Parque, 1946, 281 p.
Les Chevaliers de la lune, Paris, Éditions de la Table ronde, 1950, 443 p.
L'Hispano blanche, Paris, France Loisirs, 1989, 222 p.
Scénarios :
1941 : Adaptation de Volpone de Ben Jonson pour le film homonyme de Maurice Tourneur
1954 : Coauteur, avec Jean-Claude Eger, de l'adaptation et des dialogues de Bonnes à tuer d'Henri Decoin
1962 : Conseiller artistique pour un court-métrage d'Andrzej Wajda pour L'Amour à vingt ans