Identité

Formation et Carrière

Pierre Sorlin est titulaire d’un doctorat en lettres et sciences humaines consacré à Pierre Waldeck-Rousseau (1966). Après avoir longtemps enseigné la sociologie des médias, il est professeur émérite à l’université de Paris III et compagnon de l’Institut d’histoire contemporaine de Bologne.

Trajectoire Scientifique

Historien de formation, Pierre Sorlin s’est tourné vers le cinéma afin de déterminer la manière dont les films peuvent témoigner d’une réalité sociale. D’après Sociologie du cinéma, ouvrage fondamental dans le domaine, le film offre la vision d’une société par le biais d’une construction filmique, d’un « processus par lequel le cinéma d’une époque donnée capte un fragment du monde extérieur, le réorganise, lui donne une cohérence et produit, à partir du continuum qu’est l’univers sensible, un objet fini, abouti, discontinu, et transmissible ». Le film n’est donc plus le miroir d’une société – comme chez Kracauer –, ni même l’indicateur de ses dynamiques internes et de ses processus mentaux – comme chez Marc Ferro –, mais une interprétation, la représentation d’une déformation. Dès lors, le cinéma permet de définir ce qui est « visible », c’est-à-dire représentable, pour une société donnée, et par là même, d’en dessiner les limites idéologiques. L’historien applique donc ses concepts aux cinématographies italienne (Sociologie et Italian National Cinema) et européennes (European Cinemas). Parallèlement, Sorlin mène des travaux avec Michèle Lagny et Marie-Claire Ropars, notamment sur Octobre d’Eisenstein. Partant d’une approche transversale du film, le premier tome, axé sur l’enchaînement des plans et le fonctionnement du montage, tente d’évaluer le rapport de l’écriture du film à l’idéologie (Écriture et Idéologie) ; le second, axé sur l’inscription du temps historique dans le temps filmique, cherche à définir la dynamique des forces présentes dans un film sur la Révolution réalisé dix ans après les évènements (La Révolution figurée). Les trois chercheurs étudient également le cinéma populaire français des années trente. S’interrogeant sur le regain d’intérêt du public de l’après 68 pour ce cinéma, ils travaillent autour de l’hypothèse que ces films, faits pour « exhiber du creux, du rêve, du pathétique, des bons sentiments ou des étoiles » permettent de consacrer « l’effacement de la guerre, dans la contemplation d’un monde qui ne l’a pas encore connue » (Générique des années 30). En outre, Sorlin consacre deux ouvrages à l’esthétique, l’un partant d’un point de vue spectatoriel et cherchant à définir la manière dont un document audiovisuel s’adresse à la sensibilité de celui qui le regarde (Esthétique de l’audiovisuel), l’autre se concentrant sur la figure du portrait et s’intéressant aux différents systèmes représentatifs, socialement codifiés selon les époques (Persona). Enfin, Les Fils de Nadar, ouvrage érudit sur la photographie, analyse le « régime perceptif » de l’image analogique, son fonctionnement sélectif – qui lui permet de constituer le « champ du représentable » – et se conclut sur « l’étroite relation de la reproduction analogique avec le modernisme, c’est-à-dire avec l’essor capitaliste, le développement machinique et l’impérialisme ».

Autres activités

Historien et réalisateur de documentaires historiques sur la Révolution française, l’Affaire Dreyfus et le Front populaire.

Bibliographie

Ouvrages français :

Octobre, tome 1, Écriture et Idéologie : analyse filmique d’Octobre d’Eisenstein, coauteur Marie-Claire Ropars, Paris, Albatros, coll. « Ça cinéma », 1976, 178 p. cote : OCT ROP
Sociologie du cinéma : ouverture pour l’histoire de demain, Paris, Aubier-Montaigne, coll. « Histoire », 1977, 320 p. cote : 26 SOR s
Octobre, tome 2, La Révolution figurée : inscription de l’histoire et du politique dans un film, coauteurs Michèle Lagny, Marie-Claire Ropars, Paris, Albatros, coll. « Ça cinéma », 1979, 220 p. cote : 42 EIS OCT LAG
Générique des années 30, coauteurs Michèle Lagny, Marie-Claire Ropars, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 1986, 223 p. cote : 24 LAN g
Esthétique de l’audiovisuel, Paris, Nathan, coll. « Nathan Université. Fac Cinéma », 1992, 223 p. cote : 22 SOR e
Les Fils de Nadar : le « siècle » de l’image analogique, Paris, Nathan, coll. « Cinéma », 1997, 206 p. cote : 64.06 SOR f
Persona : du portrait en peinture, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2000, 155 p.


Ouvrages étrangers :

The Film in History : restaging the Past, Oxford, B. Blackwell, 1980, 226 p.
Cinema and Unconscious : a New Field for Historical Research ? Urbino, Centro internazionale di semiotica e di linguistica, 1982, 19 p.
European Cinemas, European Societies 1939-1990, London, Routledge, coll. « Studies in film, television and media », 1991, 247 p. cote : 11.01 --- SOR

The Mass Media (Key Ideas), London, Routledge, 1994, 158 p.
Italian National Cinema, 1896-1996, London, Routledge, coll. « National Cinemas Series », 1996, 202 p. cote : 11.01 ITA SOR

Dreamtelling, London, Reaktion Books, 2003, 192 p.


Contributions (ouvrages français) :

Myriam Tsikounas, Les Origines du cinéma soviétique : un regard neuf, Paris, Éditions du Cerf, coll. « 7 e Art », 1992, 243 p. (Préface). cote : 11.01 RUS TSI
Les Sciences humaines et l’image, Paris, Hermes Science Publications, 1999, 286 p. (Coordination).


Contribution (ouvrage étranger) :

L’Immagine al plurale : serialità e ripetizione nel cinema e nella televisione, sous la direction de Francesco Casetti, Venezia, Marsilio, 1984, 184 p. cote : 22 CAS i


Articles français :

« Clio à l’écran ou l’historien dans le noir », Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 23, juin 1974, pp. 252-278.
« Octobre : quelle histoire ?! », coauteurs Michèle Lagny, Marie-Claire Ropars, Image et Son, n° 312, décembre 1976, pp. 43-54.
« Un chantier à ouvrir : le cinéma d’histoire », Image et Son, n° 312, décembre 1976, pp. 84-92.
« Par tous les moyens, cinéma compris... », Image et Son, n° 347, février 1980, pp. 81-87.
« Promenade dans Rome », Iris, vol. 2, n° 2, 2 e semestre 1984, pp. 5-16.
« Un fascisme pour rire », CinémAction, n° 42, mars 1987, pp. 21-30.
« 1946-1960. L’héritage Kracauer », CinémAction, n° 60, juillet 1991, pp. 80-85.
« Le néoréalisme tel que les Italiens l’ont vécu », CinémAction, n° 70, janvier 1994, pp. 69-77.
« L’auteur, miroir du critique », Iris, n° 28, automne 1999, pp. 147-157.


Articles étrangers :

« Jewish Images in French Cinema of the 1930s », Historical Journal of Film, Radio and Television, vol. I, n° 2, octobre 1981, pp. 139-150.
« Historical Films as Tools for Historians », Film & History, vol. XVIII, n° 1, février 1988, pp. 2-15.
« “Stop the Rural Exodus” : images of the country in French films of the 1950s », Historical Journal of Film, Radio and Television, vol. XVIII, n° 2, juin 1998, pp. 183-197.


Autres ouvrages français :

Lénine, Trotski, Staline, 1921-1927, coauteur Irène Sorlin, Paris, Armand Colin, coll. « Kiosque », 1961, 271 p.
La Société soviétique, 1917-1964, Paris, Armand Colin, coll. « U. Série Histoire contemporaine », 1964, 279 p.
« La Croix » et les Juifs : 1880-1899 : contribution à l’histoire de l’antisémitisme contemporain, Paris, B. Grasset, 1967, 345 p.
L’Antisémitisme allemand, Paris, Flammarion, coll. « Questions d’histoire », 1969, 128 p.
La Société allemande 1871-1968, Paris, Arthaud, coll. « Sociétés contemporaines », 1969, 338 p.
La Société française, tome 1 : 1840-1914, Paris, Arthaud, coll. « Sociétés contemporaines », 1969, 311 p.
La Société française, tome 2 : 1914-1968, Paris, Arthaud, coll. « Sociétés contemporaines », 1971, 331 p.
L’Art sans règles, ou Manet contre Flaubert, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, coll. « Esthétique hors cadre », 1995, 155 p.